vendredi 11 juin 2010

Anna, d'une langue à l'autre

Qui est-tu? une maman italienne et une femme (et fan) "du monde entier" mais aussi une linguiste et la fondatrice de l'association D'UNE LANGUE A L'AUTRE (DULALA) qui milite pour la promotion des langues et cultures d'origine

Par quels chemins es-tu arrivée à Paris? c'est une longue histoire! J'ai rencontré mon mari qui est français pendant mes études en Russie avec qui j'ai parlé espagnol pendant 2 ans avant de le rejoindre à Paris. Je devais rester le temps d'un été et me voilà ici!

Ce que tu aimes le plus de Paris: ce brassage incroyable de gens et de langues, les boulangeries, les Buttes Chaumont, le fromage frais aux fruits rouges, les immeubles en noir et blanc avec les pots de fleurs à la fenêtre, les enfants des groupes de jeux

Qu'est-ce qui est, ou a été le plus dur à Paris? Au début, la frustration de ne pas comprendre les gens quand ils parlaient car quand je suis arrivée il y a 6 ans (déjà!!!) je ne parlais pas un mot de français et quand j'apprenais un mot (ex: travailler) il y avait toute de suite un autre mot qui s'utilisait dans la rue (bosser, taffer). c'était magique et en même temps très frustrant, je voulais dire plein de choses mais ça n'avançait pas assez vite! Et puis, quand mes enfants sont nés, j'ai souffert de ne pas pouvoir les amener les dimanches à manger les pâtes faites maison chez leurs grand parents!

Quelles étaient tes motivations pour créer l'association dulala?
Comme maman, j'ai réalisé la difficulté de transmettre ma langue maternelle quand on est en couple mixte et à l'âge de la rentrée à l'école, quand le français devient la langue dominante. J'ai cherché des activités pour que ma fille puisse pratiquer l'italien avec d'autres enfants et je n'ai rien trouvé. J'en ai parlé autour de moi et nos amis, parents multilingues, ressentaient le même besoin sans pour autant trouver de réponse.

Comme linguiste, je me suis intéressée aux formes et représentations du bilinguisme avec une véritable volonté de reconnaitre (et valoriser) toutes les formes de bilinguisme. Car l'enfant bilingue français-anglais aura beaucoup plus de chances de développer un bilinguisme harmonieux accompagné par la famille et les enseignants que l'enfant qui parle français et tamoule, rarement perçu comme bilingue. Ses connaissances sont très souvent ressenties comme un handicap et non pas comme une richesse.

Un conseil pratique à donner aux parents d'enfants bi- ou plurilingues pour qu'ils puissent développer à la maison un bilinguisme harmonieux? (tout d'abord il faut accepter que le bilingue parfait n'existe pas, ni le monolingue parfait d'ailleurs ! ça l'air bête mais beaucoup de parents chargent la langue d'attentes et de pressions qui peuvent amener des effets contraires à ceux attendus.

En 3 mots, qu'est-ce que tu voudrais transmettre à tes propres enfants?
Le gout de ma langue et culture maternelles!
(ça fait 8!)

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